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LIBERTE – EGALITE – FRATERNITE

une très ancienne passion

 

 

« Penser en primitif et agir en stratège ».

René Char, Feuillet d'Hypnos

 

 

 

 

 

 

 

 

Il y a un an à peine, j'ai commencé un cycle de travail que j'intitule : Une Très Ancienne Passion. Celui-ci a pour objet de réinterroger ma pratique de l'Art du Théâtre, art que j'explore depuis l'âge de huit ans de sous-sol d'église en rez-de-chaussée d'hôpital, de conservatoire en scène de théâtres réputés, de cave humide en centre d'accueil de jour.

 

Cette remise en questions se veut empirique, c'est-à-dire qu'elle se formule dans l'action de fabriquer une forme publique avec des personnes non-professionnelles, tenues à l'écart de la pratique artistique et culturelle, dont le dénominateur commun est le seul désir de faire.

 

Ce cycle me conduit à construire des spectacles en des temps très courts, dans des contextes non-conventionnels, des lieux non-institutionnels et des conditions de productions modestes. Ces différentes contraintes, acceptées comme forces d'émancipation de mon geste mais redoutées comme gimmick dans l'air du temps, m'obligent à mettre le plaisir au centre de ce travail. Le plaisir, c'est de qui doit commander ma recherche.

 

Car je pense ce cycle comme une recherche moins scientifique que sensible, puisqu'elle vise la recherche, à travers ces expériences, de la première image : celle de ma sidération initiale quand je monte pour la première fois sur un espace de jeu théâtral.

 

En plaçant le plaisir au centre de ma démarche, j'entends également introduire une dimension démocratique dans l'acte de création perçu ici comme acte de libération ; ce faire-plaisir, je le lie à la formule émancipatrice et révolutionnaire de Joseph Beuys « tout homme est un artiste ». Si le plaisir est là, je considère avoir aucune légitimité pour le restreindre et je choisis plutôt de le suivre, l'observer, l'alimenter comme la source sauvage nourrissant la vallée et dont les courants souterrains, les serpentes, les chaos ne seraient plus à dominer, mais à  admettre en l'état, simplement pour tenter de trouver l'originalité de l'acte, la grâce maladroite des premières fois.

 

Admettre ce principe de plaisir, c'est enfin admettre dans le même creuset toutes les représentations et conceptions de ce qu'est l'Art du Théâtre pour les personnes avec lesquelles je le ré explore pendant les répétitions et sur scène, chaque fois dans un costume différent de « bourreau du théâtre » (parole d'un spectateur) ; ces représentations et conceptions sont parfois très éloignées des miennes comme des codes esthétiques et dramaturgiques contemporains, ces singularités, ces expressions d'un désir, une fois encore, je ne veux pas m'y opposer.

 

Et le public ? Je veux avec ces formes concerner le public le plus large et dans le territoire le plus vaste, non pas selon les termes et stratégies de l’ingénierie culturelle ou des relations publiques, mais en pensant fort à Gabriel Garran qui initia son Théâtre pour ceux qui n'y vont pas.  En ce sens-là, je revendique une démarche politique.

 

Une très ancienne passion ce n'est pas du Théâtre qui marche bien ou qui fonctionne, c'est du théâtre de trois fois rien qui agit et qui fait dans, sur, avec le Monde.

 

 

PRESENTATION / ARCHIVE

 

- Une très ancienne passion#1 : ton cœur bat-il toujours à mon seul nom ?

Juillet 2016 – Vanves – EPHAD Larmoureux et Communauté Simon de Cyrène

La première expérience de ce cycle a eu lieu en juillet dernier dans une maison de retraite de Vanves (Hauts-de-Seine) avec un groupe de personnes du 4ème âge, séniles pour la plupart, et des adultes cérébraux lésés d'une institution catholique voisine. Dans une chapelle réaménagée en autel à la gloire de Danielle Ajoret (ma première professeure de théâtre), le spectacle se déployait sur un canevas d'improvisation (la quasi-totalité des participants n'étant en mesure de mémoriser des déplacements ou du texte) habitée par les voix de deux des pures voix de notre métier (Maria Casarès et Gérard Philippe). Ainsi, j'animais dans un costume de gourou, une sorte de grand training physico-sensoriel visant à faire des participants des acteurs accomplis. A l'issue de ce rite d'initiation, chacun, traversait en fauteuil roulant ou sur mon dos, un fleuve symbolique sur lequel était écrit « qu'il était bleu le ciel, et grand l'espoir... »

 

- Une très ancienne passion#2 : Ulysse et Calypso

Mai 2017 – Gennevilliers et Nanterre – Maison de la solidarité et Boutique Club emploi de Gennevilliers

(UN DESASTRE !!!!!!! Trop de confiance sur ce coup-là, une bonne leçon d'humilité... Memento mori).

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